Dans le cadre de la 18e session du Mécanisme d'experts des Nations Unies (ONU) sur les droits des peuples autochtones (EMRIP), une délégation composée de six dirigeants autochtones de la Chiquitanía bolivienne a dénoncé les graves violations auxquelles leurs communautés sont confrontées face à l'avancée du modèle extractif agraire. Cette participation s'inscrivait dans le cadre des efforts déployés dans le cadre des projets que le Réseau européen international des droits de l'homme (RIDHE) promeut pour rendre visible et renforcer l'impact international des communautés autochtones dans la défense de leurs droits.
Venant de la municipalité de San Ignacio de Velasco, dans le département de Santa Cruz, les représentants ont tenu des réunions stratégiques avec les membres de l'EMRIP, ainsi qu'avec l'équipe de la Convention sur la diversité biologique (CDB) dans sa section dédiée aux peuples autochtones (PPII) et aux communautés locales. Dans ces espaces, ils ont partagé le récent rapport préparé par l'Alliance pour la défense des communautés autochtones de San Ignacio de Velasco, une articulation interinstitutionnelle qui documente les conséquences de l'utilisation inconsidérée de produits agrochimiques, de la privatisation des sources d'eau et de l'expansion de la frontière agricole.
Cette alliance comprend la Clinique juridique d'intérêt collectif de l'Université catholique bolivienne San Pablo (siège de Cochabamba), le Centre de documentation et d'information bolivien (CEDIB) et la productivité de la biosphère et de l'environnement (PROBIOMA). Son objectif est de fournir un soutien juridique, technique et politique aux communautés de Chiquita dans leurs processus de défense territoriale, de protection de la santé et de préservation de leurs modes de vie.
Le rapport présenté met en garde contre les impacts socio-environnementaux du modèle agraire dominant dans la région, tels que la déforestation massive, l'utilisation de pesticides hautement toxiques et la construction de barrages illégaux qui ont modifié de manière irréversible les écosystèmes locaux. À cela s'ajoute la dépossession territoriale historique qui aggrave l'inégalité structurelle des communautés.
En outre, la criminalisation croissante des dirigeants autochtones, qui font l'objet de menaces, de stigmatisation et de poursuites judiciaires pour avoir exercé leur droit de défendre leur territoire, a également été signalée.
Selon les participants, toutes les actions de documentation et de plaidoyer auraient été menées selon le principe du consentement libre, préalable et éclairé, en coordination directe avec les communautés touchées, ce qui garantit la légitimité des témoignages présentés à cet important mécanisme des Nations unies.
Avec le soutien de la RIDHE, la participation du peuple chiquitano à cet espace international a permis à leur voix d'aller plus loin et de se faire entendre sur la scène mondiale. C'était l'occasion de rendre visibles les problèmes auxquels sont confrontées leurs communautés et d'unir leurs forces à celles d'autres luttes qui résistent également à l'avancée de l'extractivisme en Amérique latine.